Mon travail s'inspire des «Notes de chevet» de Sei Shônagon, dame d'honneur à la Cour impériale japonaise (début du XIème siècle). Dans cet ouvrage, Sei Shônagon listait, nuit après nuit, les sources d'émotions ressenties le jour:
«choses particulières, choses dont on néglige souvent la fin, choses qui font battre le coeur, choses qui font naître un doux souvenir du passé, choses qui ne s'accordent pas, choses que l'on peut comparer, choses rares, choses qu'il ne valait pas la peine de faire, choses dont on n'a aucun regret, choses qui semblent éveiller la mélancolie, choses qui ont une grâce raffinée, choses gênantes, choses que l'on entend parfois avec plus d'émotions qu'à l'ordinaire, choses qui émeuvent profondément, choses qui donnent une impression de chaleur, choses sans valeur, choses qui emplissent l'âme de tristesse, choses qui distraient dans les moments d'ennui, choses qui ne sont bonnes à rien, choses qui sont les plus belles du monde, choses qui tombent du ciel, choses difficiles à dire, ...»
Former son regard sur les choses de tous les jours et les relier à nos émotions.
Chaque dessin est lié à une pensée, une sensation, une histoire, un goût, un parfum, un sentiment, un souvenir, ...

Trân Tran

Trân Tran interprète le raffinement des émotions, le tremblement d'un être dans les plus infimes variations du coeur et l'exprime à travers des dessins dont la sobriété et la finesse sont l'expression picturale du raffinement de ce texte, rédigé avec humilité, mais dont la profondeur révèle le bouleversement du regard saisi de beauté. Les dessins de l'artiste semblent évoluer selon les mouvements de l'âme, comme si le poignet devenait le prolongement d'un coeur mouvementé.

Pauline Martinet