Fortune Carrée
Fortune carrée, petite voile qui ne sert qu’à fuir la tempête.
Joseph Kessel, Détroit du Yémen, 1932
Finalement, écrire, de cette manière, ce n’était que le dernier moyen intelligent pour éviter l’implosion. Histoire aussi, de se mesurer à
un véritable adversaire. Et puis vous savez, l’ennui c’est une question si personnelle.
On ne se méfiera jamais assez de la combinaison du phosphore blanc et de l’essence. Ni jamais non plus de l’échec à la dame.
On ne se méfie jamais assez des détails, et de tout, je n’ai jamais rien retenu d’autre que ça. Des détails à la con, des détails heureux.
Des Belles de Jour et du Seigneur. Chandrasekhar et Chandernagor. La vitesse de la lumière. Et ces détails ne sont que la trace de l’urgence avec laquelle il fallait raconter. Raconter les routes d’Arabie, l’attente des grands orages au bord des caps et des détroits. Raconter des amours fous, Alexandrie, Gould et Goya. Raconter Lazare qui ne ressuscite jamais, raconter ces sentiments qui affranchissent soudain les plus peureux de la crainte. Et la colère d’Achille qui un jour disparaîtra. Et de comment on fait, pour
aplatir l’Himalaya.