Emma Lucy Linford nous emmène dans son univers où la matière se conjugue avec liberté, expérimentation et identité. Au cœur de son travail, la notion de re–vêtement qu’elle définit comme un symbole identitaire ; relation intime entre son corps, ses dimensions, le sur-mesure et ses créations. Son travail, s’articulant autour du corps et des diktats de l’esthétique, est une recherche suspendue à la frontière entre l’intime et la sociétal : maille par maille, l’aérien tisse doucement son fil.
Dans chacun de ses travaux, une matière est mise à l’honneur : fil de laiton, de nylon ou de fer, sac plastique, laine de fer, textile ou encore papier ciré sont autant de matériaux qu’elle apprivoise. Véritable reflet de ses états d’âme, ses pièces illus- trent son refus des contraintes en mariant légèreté, volatilité et délicatesse. L’aspect aérien est primordial dans ses recherches initiales et devient le baromètre de ses réalisations.
Ses premières œuvres sont abstraites puisque c’est la matière elle-même qui dicte leur forme et elle se plaît à travailler sans contraintes normatives. Ces formes s’apparentent dans la plupart des cas à des cocons, des draps soumis à la loi du vent ou encore des vêtements. Pendant quelques années, l’exploration de la tech- nique du crochet lui permet d’apprivoiser et de développer ce savoir-faire et de donner naissance à son langage plastique.
Pour suivre le fil d’Emma Lucy Linford, il faut se laisser porter dans un univers poétique qui n’exclut pas un côté plus sombre et tourmenté auquel elle a égale- ment été confrontée au cours de son parcours. Cette période est marquée par l’une des ses œuvres « Ainsi soit-elle » en 2016. En effet, il s’agit d’une robe con- crétisant son premier essai figuratif en crochet en fil de laiton. Celle-ci reprend
les mesures prises sur le corps de l’artiste, ce qui traduit une acceptation de soi- même. En outre, cette pièce est l’une des premières à toucher le sol, en comparaison aux autres pièces qui elles, flottent malgré leur apparence parfois pesante. Elle devient, l’élément catalyseur de sa recherche autour du corps.
Dès lors, elle entame une série de nouvelles pièces autour de la « robe » qui devient le symbole de la seconde peau, du re-vêtement.
Brute, pure, intrinsèque. Tels seraient les mots pour qualifier l’œuvre de Selim Boubaker.
Telle une véritable quête identitaire, la question de l’inhérence et de la pensée
est la source de toute son œuvre: «Je suis ce que je fais» murmure-t-il. Ces toiles sont parsemées de symboles picturaux et architecturaux, parfois dissimulés, et de couleurs dont lui seul connaît la signification. Des colonnes, des figures, des ar- chitectures, des mains ou encore des sculptures se succèdent au cœur de ses toiles, toutes pareilles semble-t-il. Erreur cependant. Chaque peinture, chaque sculpture raconte son histoire, des brides de pensées et de rêves, au cœur desquels on se laisse doucement bercer. Le souvenir, le rêve et la spatialité sont les mots d’ordre de cet artiste.
Issu d’une famille métissée, il utilise la peinture et la sculpture pour se façonner un monde qui lui appartient pleinement, dans lequel il peut sans limite question- ner l’intime et le sensible, confronter l’environnement et le sujet. Par le biais d’un personnage réccurent dénommé “le déraciné”, il questionne la notion de métis- sage et de migration. Telle une personnification d’un état d’âme, “le déraciné” symbolise les quêtes ou les perditions liées au mouvement géographique des peu- ples. En outre, les mains sont une emblème omniprésente dans son travail : elles sont pour lui le guide fondamental de la création, language brut d’une honnêteté à toute épreuve.