"Carte Postale du chaos" est un terme générique pour désigner mon approche et mon usage de la peinture abstraite. Dans sa page Wikipedia, Chaos recense à la fois des micros organismes, des phénomènes, des lois et des lieux qui sont à la fois invisibles à l’œil nu et emprunts de mouvements. Cette liste constitue un incroyable voyage à travers l’infiniment grand et l’infiniment petit. Plus qu’une liste, on pourrait la qualifier de paysage exhaustif des ordres de grandeurs. C’est cette ambivalence qui me plaît. Je peux dire le plus tranquillement du monde que mes coloriages au feutre et à la gouache bon marché, accompagnés de leur lot de traces de doigts, sont l’expression d’une pensée finie pour l’univers infini.
Dans sa version la plus minimaliste et la plus radicale, l’abstraction est le terme de la représentation. Les images ne sont que ce qu’elles sont, pour et par elles-mêmes. Dans son approche la plus poétique, l’abstraction se substitue à ce qui ne peut être représenté. J’ai fait le choix de faire coexister les deux impulsions. J’ai une vision assez dogmatique de l’art. Pour moi le travail consiste à générer du doute et à créer des dispositifs où s’articulent des antagonismes. Le sacré VS le profane, le scotch VS les doigts sales, Daniel Buren VS les coloriages…
Le trait est l’unité à partir de laquelle toutes ces peintures se composent et se créent. Ce geste a quelque chose d’incompressible: à la fois minimal et primitif.
Mes images sont spontanées, dynamiques et je l’espère allumées. Dans mon approche, la couleur est calorique. J’envisage la peinture comme un feu qui s’allume et qui s’éteint, qui s’allume et qui s’éteint, qui s’allume et qui s’éteint…
Benjamin Fanni est né en 1985 dans une famille d’artistes de cirque traditionnel et de scénographes. Il est diplômé des Arts Décoratifs de Paris en 2009 et de l’Ecal en 2022. En 2009, il fonde le Studio Johnny Brecht dédié au design intérieur et à la scénographie pour les arts vivants et le cinéma. Le Studio a dessiné le club Futur, a collaboré avec l’artiste Neil Beloufa ou encore le collectif de chorégraphes suisses Zoodance.
Parallèlement à ses activités de designer, Benjamin Fanni a développé une pratique de l’art contemporain qui a donné lieu à plusieurs expositions individuelles et collectives en France (GAM galerie, Hôtel Occidental, Poush), en Belgique (Leaving Living Dakota) et en Suisse (Centre d’art de Circuit). Sa pratique mêle à la fois peinture, sculpture, musique et écriture. Son travail questionne les notions d’image, de fantôme, de sacré et de deuil. En 2021, dans le cadre de son master à l’Ecal, son travail est récompensé par la Bourse pour le Talent et la Créativité du Casino Barrière de Montreux.
Benjamin Fanni vit et travaille entre Paris et Crissier en Suisse.