Suite à une résidence en Islande réalisée grâce au soutien de la bourse culturelle Leenaards, notamment sur les traces du syncrétisme religieux, des peuples cachés, des esclaves irlandais et des cultes païens, je poursuis mes petits arrangements avec le surnaturel.
Lors du premier voyage en 2015, afin de me distancier de clichée trop présents, je me suis dirigée vers le ciel. J’y ai trouvé toutes les couches d’histoire qui m’avaient captivé lors de mes recherches: ce sont donc ces cieux que les vikings contemplaient! En réponse, j’ai numérisé le ciel à plusieurs reprises. En plus d’enregistrer et de produire une image, la machine m’a permis de sonder, d’envoyer un signal lumineux dans cette étendue céleste.
Il en résulte des images tramées, superpositions de couches atmosphériques, mille-feuilles de croyances, strates de chairs, suscitant à la fois menace et espoir.
De retour en Suisse, des sculptures nourries de cette culture insulaire nordique voient le jour, bribes d’histoires mythiques s’apparentant à des prélèvements de ce territoire si particulier. Ainsi apparaissent entre autres, des peaux de poissons en aluminium gravées de symboles magiques, des éponges volcaniques cristallisées, des trophés de verre contenant des vikings fossilisés...
Ensemble de photographies, scans, papiers peints, collages et sculptures, Bifröst (littéralement pont scintillant – l’arc en ciel dans la mythologie nordique) revisite un imaginaire ancestral, et nous emmène, entre jeux d’échelles et simu- lacres, folklore et autobiographie, là où la légende rencontre Monsieur Bricolage.